Source : plaquette éditée par le PCF, en hommage à Georges Marchais avec un complément photos familiales.
1920
07 juin 1920.
Naissance de Georges Marchais dans le village de La Hoguette, en Normandie.
Son père (René Marchais, 1886-1930), qu’il perd à 10 ans est de sensibilité « anarchisante ». Sa mère (Germaine Boscher, 1889-1994) est catholique pratiquante.
Il fera sa communion solennelle.
Au vu de ses résultats scolaires, son instituteur insiste pour qu’il aille à l’école normale. Mais l’enfant Georges Marchais a une passion : l’aviation. Au contact d’un beau-frère, qui est ouvrier dans l’industrie aéronautique, il décide que telle sera sa voie.
1935
L’occasion s’en présente concrètement. Il part à Paris. Toute son activité professionnelle, comme apprenti puis comme ouvrier qualifié, se déroulera dans cette branche.
1941
mars. Il épouse Paulette Noetinger, avec qui il aura 3 filles: Michèle(mars 1941), Monique (mai 1947), Claudine (1950).
1942
L’aéronautique est directement sous la coupe de l’occupant, ce qui vaut à Georges Marchais d’être réquisitionné pour « le Travail Obligatoire » en Allemagne en Décembre 1942.
Après l’échec d’une première tentative d’évasion, il parvient en Mai 1943, en invoquant l’annonce du décès de sa fille (il s’agissait en réalité d’une nièce), à obtenir une permission pour rentrer en France. Il s’y cache jusqu’à la libération.
1945
Il est embauché à l’usine Voisin à Issy-les-Moulineaux. Il s’y syndique et y mène ses premiers combats militants. Il est secrétaire du syndicat des métaux et de l’Union locale d’Issy-les-Moulineaux en 1946.
1947
Au lendemain même de l’éviction des ministres communistes, sous le prétexte qu’ils soutenaient les mineurs et les salariés de Renault alors en grève, il adhère au Parti communiste. « Un réflexe de nature plus syndicale que politique« , avait-il coutume d’expliquer. Il est élu en 1949 au Comité fédéral de la Seine du PCF.
1952
Il est licencié de chez Voisin pour « compression de personnel ». La CGT lui propose de devenir « permanent ». Il participe alors à la fois à la direction de l’Union syndicale des travailleurs de la métallurgie, et de l’Union départementale de la Seine.
1956
On lui demande de s’investir dans le militantisme communiste. Il devient secrétaire de la fédération Seine-sud du PCF et est élu au Comité central du 14ème Congrès du PCF.
1959
Il est élu membre du Bureau Politique du PCF.
1961
Il devient secrétaire à l’organisation.
1964
Il lui est confié la rédaction de nouveaux statuts du PCF, qui stipulent notamment que l’élection des directions, à tout niveau, s’effectuera désormais à bulletin secret.
1966 Il conduit une délégation à Cuba qui établit des relations entre le Parti communiste français et le Parti communiste cubain : c’est sa première rencontre avec Fidel Castro et le début d’une longue amitié.
1967 Georges Marchais se sépare de sa première épouse.
1968
3 mai. Publie un article retentissant dans L’Humanité dans lequel il reproche aux animateurs étudiants de remettre en cause « le rôle fondamental de la classe ouvrière dans la lutte pour le progrès, la démocratie et le socialisme » et de vouloir « donner des leçons au mouvement ouvrier ». Il s’en prend au groupe dirigeant le mouvement depuis Nanterre, le Mouvement du 22 mars, dirigé par « l’anarchiste allemand Cohn-Bendit. » Le lendemain, lors d’une nouvelle manifestation, des étudiants déforment les propos de Georges Marchais et défilent au slogan de « nous sommes tous des Juifs allemands. »
1969
Georges Marchais et Liliane Grelot donnent naissance à leur fils, Olivier.
Malade, Waldeck Rochet, secrétaire général du PCF depuis 1964, lui délègue de plus en plus de responsabilités.
1970
A l’issue du 19e Congrès, il est élu secrétaire général adjoint. Premières initiatives du style Georges Marchais : à partir du printemps et jusqu’en 1971 sont organisés dans toute la France des débats publics, sans discours introductif, sans sujet pré-établi : « Dites-moi M. Marchais ». Premières émissions radio ou télé où s’impose son « parler vrai » : en Juillet, sur Europe1, il exprime son désaccord sur le sort infligé à Alexandre Dubcek.
En Juin, Charles Tillon lance dans le Nouvel Observateur l’affaire d’un pseudo départ volontaire en Allemagne, affaire qui rebondira à plusieurs reprises.
Interview dans le journal la Croix : « Nous agissons pour que chrétiens et communistes agissent ensemble pour transformer la société ». En France, « la loi socialiste garantira les libertés religieuses contre toute persécution ». Mais la situation des chrétiens dans les pays de l’Est ? « Nous n’avons absolument pas l’intention de suivre quelque « modèle » que ce soit, pour la bonne raison qu’il n’existe pas de « modèle. »
1971
10 Juin 1971. Publication dans l’Humanité d’un long article : « La société française en crise ». « La société actuelle ne répond pas aux exigences et aux aspirations de notre peuple. »
20 Sept 1971. Emission télévisée « A armes égales », débat avec Jacques Chirac. (Voir la vidéo A armes égales, Marchais-Chirac, 1971)
1972
1er Juin 1972. Article dans l’Humanité : « L’union, c’est l’affaire du peuple ». Depuis 1964, le PCF a lancé l’idée d’un programme commun de la gauche. En 1971, à son Congrès d’Epinal, le Parti socialiste s’y rallie. Des négociations ont lieu en 1972 entre le PS et le PCF. Dans cet article, Georges Marchais écrit: « Alors que je discutais il y a quelques jours avec les travailleurs du port de Marseille, l’un d’eux m’a demandé: « Alors, quand allez-vous le signer, « là-haut », ce programme commun avec le PS ? » Je lui ai répondu: « Nous faisons le maximum. Mais je vous retourne la question : et vous, que faites-vous ? L’union, ce n’est pas une question qui regarde seulement ceux d’en haut, les états-majors. Elle regarde aussi, et surtout ceux d’en bas. L’union, c’est votre affaire. »
Juillet 1972. Il est cosignataire, avec François Mitterrand et Robert Fabre, du programme commun. Le 29 Juin, devant le Comité central, il indique que « le texte (de ce programme) va beaucoup plus loin que tous les documents antérieurs adoptés ensemble par le Parti socialiste et le Parti communiste au long de leur histoire ».
Cela dit insiste-t-il, « la victoire ne sera remportée qu’à condition que le mouvement populaire s’amplifie considérablement… C’est l’aptitude de notre parti à l’organiser et à l’amplifier qui sera décisive. Adopter le programme commun, c’est s’engager à assurer cette responsabilité-là ».
12 Sept. 1972. A armes égales : débat avec Alain Peyrefitte. (Voir l’interview d’avant débat, Marchais-Peyrefitte)
13-17 Déc. 1972. 20ème Congrès du PCF. Georges Marchais est élu secrétaire général du PCF.
Dans le rapport d’ouverture, il indique: « il faut renforcer à tout prix et traduire dans l’action l’union des partis de gauche autour du programme commun…. Notre parti n’a qu’un mot d’ordre: union pour que triomphe le programme commun ! ».
1973
4 et 11 Mars 1973, élections législatives. Le parti communiste obtient 21,3% (+1,3% sur les précédentes élections, en 1968).
Succédant à Marie-Claude Vaillant-Couturier, Georges Marchais est élu député dans la 1ère circonscription du Val-de-Marne (Villejuif, Arcueil, Cachan, Gentilly) avec 43,77% (+1,2%) au premier tour et 57,44% (+1,3%) au second.
Cette campagne éléctorale est l’occasion d’une relance des attaques concernant son départ en Allemagne. Auguste Lecoeur publie un faux à ce propos, repris notamment par l’hebdomadaire d’extrême droite Minute. Georges Marchais porte plainte. Le procès aura lieu en 1977.
Sept. 1973. Parution du Défi démocratique.
Nov. 1973. Voyage au Viêt-Nam en guerre.
1974
Oct. 1974. 21ème Congrès extraordinaire du PCF. Alors que François Mitterrand fait désormais du « rééquilibrage de la gauche » son leitmotiv, les communistes font connaître leur inquiétude. « L’union du peuple de France passe par l’élévation de la qualité de l’union de la gauche », indique Georges Marchais. Les Français doivent être informés des questions qui les concernent afin d’intervenir directement sur le cours des choses. »
1975
Janvier 1975. Victime d’un infarctus, Georges Marchais est hospitalisé à l’hôpital Lariboisière, dans le service du Professeur Bouvrin. Il sera suivi médicalement toutes les années suivantes dans le même service, par les Professeurs Slama puis Beaufils.
22 Mars 1975. Mise au point dans l’Humanité, en réplique au premier ministre, Jacques Chirac, en visite à Moscou, qui avait déclaré vouloir parler à Léonid Brejnev de l’attitude du PCF sur l’OTAN. « Il est pour le moins curieux, indique Georges Marchais, de voir le premier ministre inviter les dirigeants soviétiques à s’ingérer dans les affaires intérieures françaises… Avant de prendre une décision importante, MM. Giscard d’Estaing et Chirac téléphonent à Bonn. Nous, communistes, nous ne téléphonons nulle part. Pas même à Moscou. »
15 Avril 1975. Présentation d’un projet de Déclaration des libertés, que le Parti communiste propose de faire figurer en préambule de la Constitution.
28 Mai 1975. Au Comité central, il prononce une condamnation irrévocable du stalinisme. Non seulement de ses atrocités, ce que le PCF avait déjà fait, quoique en termes plus mesurés, mais de ses conceptions mêmes, « totalement étrangères à celles du Parti communiste français ». »
1976
04-08 février. 22ème Congrès du PCF.
Dans sa préparation, Georges Marchais préconise publiquement d’abandonner la notion de dictature du prolétariat. « Il faut ouvrir en France une ère nouvelle de démocratie et de liberté, indique-t-il dans son rapport. Voilà l’axe de notre combat… La démocratie, la liberté, c’est aujourd’hui le terrain principal du combat de classe, du combat révolutionnaire. »
Cette conviction le conduit à condamner les atteintes aux libertés qui se produisent en URSS et à refuser toute tutelle extérieure: « Le mouvement communiste n’est pas et ne peut pas être une Eglise ni une organisation centralisée soumettant chaque parti à des décrets contraignants, à une loi uniforme. »
02-04 Avril. Visite au Japon.
03 Juin. Meeting commun avec Enrico Berlinguer (PCI) à Paris, porte de Pantin.
10 Juin, Lyon. Adresse aux chrétiens: « Nous sommes les fils d’une même civilisation, d’une même histoire… L’avenir sera ce que nous le ferons ensemble. »
30 Juin. Conférence internationale des partis communistes européens à Berlin. Il en critique le principe même: « Des conférences comme celle-ci ne nous paraissent plus correspondre aux besoins de l’époque. Toute élaboration d’une stratégie commune à nos partis étant désormais absolument exclue, il paraît opportun de rechercher des formes nouvelles de rencontre collective, plus vivantes, plus souples et plus efficaces. »
1977
Mariage avec Liliane Grelot, avec qui il vit depuis plusieurs années.
17 Février. Débat télévisé sur « le racket du pétrole » avec le ministre Jean-Pierre Fourcade.
03 Mars. Conférence de presse à Madrid de Santiago Carillo, Enrico Berlinguer et Georges Marchais. Celui-ci indique notamment: « Nous avons des situations analogues auxquelles nous apportons des solutions convergentes… Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis 1917 et les conditions existent aujourd’hui pour utiliser une voie démocratique pour aller vers une société socialiste, qui élargira toutes les libertés individuelles et collectives…. Si c’est cela que l’on appelle l’eurocommunisme, eh bien, nous sommes d’accords. »
18 Mars. Lettre du Comité central du PCUS au Comité central du PCF, accusant « certains dirigeants », dont Georges Marchais, Jean Kanapa et Charles Fiterman. Le Comité Central du PCF y répond en réaffirmant que les divergences entre les deux partis sont « profondes ». « Nous ne saurions défendre aveuglément tout ce qui se fait en Union soviétique. Il vous faut bien le comprendre, cela ne se produira plus », indique cette réponse tout en réaffirmant son attachement à la solidarité internationale.
Mai. Début d’une longue démarche d’actualisation du programme commun avec le Parti socialiste.
En août, blocage sur la question de la défense nationale. Georges Marchais va alors rentrer précipitement de vacances. Il séjourne alors en Corse. L’historique de ces négociations, du programme commun et surtout, l’organisation de ce retour va être expliqué en détails …. le 21 Janvier 1980 dans l’émission cartes sur table. En 2015, l’extrait vidéo « fait les valises, nous rentrons à Paris » était le plus visualisé de toutes les vidéos présentent sur le site de l’INA ….
1978
Campagne des élections législatives, dans la désunion de la gauche. Le 1er mars, dans une interview au journal le Monde, Georges Marchais indique: « Le vote communiste sera le seul moyen de ramener François Mitterrand à une attitude raisonnable, c’est à dire à l’union. Il y a entre nos partis des divergences sérieuses. Cela doit-il nous empêcher de gouverner ensemble ? Absolument pas. L’intervention de la population, des travailleurs constitue un facteur décisif pour surmonter les divergences. »
11 et 18 mars. Le PCF recueille 20,6% des voix (-0,7%). Georges Marchais est réélu Député avec 43,3% au premier tour (-0,4%) et 100% au second (seul candidat).
La déception crée par la défaite de la gauche après la rupture du programme commun entraîne une période de « contestation » interne, bientôt marquée par des prises de position publiques de communistes, tels Louis Althusser ou Jean Elleinstein. A plusieurs reprises, Georges Marchais précise: « Il n’y aura pas d’exclusions. »
13 au 23 Mai. Visite au Mexique. Occasion d’une importante déclaration en faveur d’un « nouvel ordre international ».
8 septembre. Obsèques de Jean Kanapa, « l’ami le plus cher et le plus proche que j’ai perdu et dont la contribution à notre effort de renouvellement fut si riche » écrira-t-il dans Démocratie (1990).
1979
19 au 21 janvier. Visite en Grèce.
2 au 06 avril. Visite à la Réunion.
9 au 13mai. 23e Congrès du PCF. Adoption de nouveaux statuts, conformes à la volonté démocratique affirmée au 22e Congrès, abandonnant notamment la référence au « marxisme-léninisme ».
Il souligne que la divergence avec les partis communistes de l’Est porte « sur la vision que nous avons, les uns et les autres, des voies et des moyens par lesquels le socialisme peut et doit se développer » tout en soutenant que « le bilan des pays socialistes est globalement positif ».
Emploierions-nous les mêmes mots aujourd’hui? se demandera t-il en 1990 dans Démocratie. « Je pense que nous formulerions autrement notre appréciation. »
Juin 1979. Premières élections européennes au suffrage universel. La liste du Parti communiste qu’il conduit rassemble 20,6% des suffrages exprimés.
Décembre 1979. Visite à Cuba et au Nicaragua. Rencontres avec Fidel Castro et Daniel Ortega.
1980
11 Janvier. Pour la première fois depuis 1974, Georges Marchais se rend à Moscou et y rencontre Léonide Brejnev. Pour la première fois également, le PCUS accepte de reconnaître l’exigence de « divergences » avec le PCF. Mais quelques jours plus tôt, l’armée soviétique est intervenue en Afghanistan. C’est bien sûr sur ce seul point que TF1 l’interroge, en direct de Moscou. Il justifie cette intervention, au nom des accords d’Etat à Etat (la France intervient depuis Mars 1978 au Tchad). Ce qui s’est dit à ce propos, reconnaîtra t-il en 1990 dans Démocratie « a fait beaucoup de mal à notre image, aux communistes français (…) ».
20 Février. Création du Comité pour la défense des libertés et des droits de l’homme, dont il assurera la présidence jusqu’à sa disparition. En avril, le Comité parraine treize prisonniers politiques, dont Anatoli Chtcharanski et Vaclav Havel.
1er au 7 avril. Visite à Madagascar et au Mozambique.
15 au 17 avril. Visite au Liban. Rencontres avec Yasser Arafat.
Septembre. Parution de l’Espoir au présent.
Octobre 1980. Il exige la libération de Nelson Mandela, alors inconnu en France.
11 et 12 octobre. Conférence nationale du PCF. Il est désigné comme candidat à l’élection présidentielle.
1981
Durant six mois, Georges Marchais sillonne la France, porteur d’un Plan de luttes de 131 propositions. Quatre objectifs: le plein-emploi ; une société plus juste ; le droit de chacune et chacun à une vie libre et responsable ; une société pour la jeunesse. Trois moyens : développer la France, produire français, faire de la France une nation souveraine, présente et active dans le monde ; réaliser de grandes réformes démocratiques dans l’économie et dans l’Etat.
Des phrases qui resteront: « Je suis le candidat anti-Giscard »; « je choisis de faire payer les riches »; « Au-dessus de quatre millions d’anciens francs par mois, il faut tout prendre! »; « Les femmes soumises, les femmes craintives, les femmes passives, c’est fini et bien fini! »… C’est en tant que candidat à l’élection présidentielle qu’il prend position, début 1981 sur les débuts de la crise polonaise: « La Pologne a besoin, comme tout pays socialiste, de syndicats qui défendent les intérêts des travailleurs et qui ne soient pas de simples courroies de transmission. »
26 avril. Premier tour de l’élection présidentielle.
Georges Marchais obtient 4.456.922 voix et 15,3%
10 Mai 1981. François Mitterrand est élu Président de la République.
3 décembre. Etat d’urgence décrété en Pologne. Georges Marchais exprime son émotion, son voeu que se poursuivent « les réformes économiques, sociales, démocratiques nécessaires ». Le 24, il s’adresse au général Jaruzelski pour lui demander de lever toutes les mesures d’exception.
1982
3 au 7 février. 24e congrès du PCF. « C’est par son activité constructive de parti de lutte et de gouvernement que notre parti apportera la preuve concrète de son rôle irremplaçable ». En ce qui concerne les pays de l’Est: « Ces sociétés doivent répondre à un triple défi: maîtriser l’efficacité économique; assurer le progrès social; développer la participation démocratique… Nous avons la conviction qu’en trouvant des solutions à ces problèmes, ces pays connaîtront un nouveau développement. »
13 au 31 octobre. Visite en Chine et en Corée du Nord. Le PCF rétablit des relations avec le Parti communiste chinois. Rencontre avec Den Xiaoping, Hu Yaobang et Zhao Ziyang.
5 octobre. Il se prononce contre l’escalade nucléaire en Europe : « Ni Pershing, ni SS20. »
1983
6 et 13 mars. Elections municipales, mauvaises pour la gauche et pour le PCF. C’est « un avertissement » indique Georges Marchais le 19 avril au Comité central. Il réaffirme les « réserves » du PCF sur les mesures de « rigueur »: « il est non seulement impératif de garder le cap, mais il faut aller de l’avant. »
20 au 30 octobre. Visite en Angola, au Congo et au Bénin.
1984
Janvier. « La situation de l’économie française est préoccupante. Nous sommes à l’heure de choix cruciaux, pour la France et son gouvernement. »
24 Mai. Débat télévisé avec Bernard Pons, secrétaire général du RPR, dans le cadre de la campagne pour les élections européennes. « Combien de fois me suis-je repassé cette émission dans la tête ! écrira t-il dans Démocratie. « J ‘ai préféré, face à la droite, défendre le gouvernement de gauche alors que je n’étais pas d’accord avec sa politique. Ai-je eu raison? Je ne sais pas. En tout cas, je ne souhaite à personne de connaître une telle expérience. »
17 Juin. Elections européennes. La liste PCF conduite par Georges Marchais obtient 11,2% (- 9,4%).
26 et 27 juin. Comité central. « La signification principale du vote du 17 juin, c’est la condamnation, par une fraction importante de celles et ceux qui ont permis à la gauche de devenir majoritaire, de la politique antipopulaire qu’elle met en oeuvre actuellement… La gauche a subi une défaite. Il lui faut se reprendre, tenir ses engagements. »
Plusieurs membres du Comité central contestent cette analyse et mettent en cause la stratégie du Parti.
17 juillet. Laurent Fabius est nommé premier ministre en remplacement de Pierre Mauroy. Georges Marchais au nom du PCF écrit au nouveau premier ministre pour lui proposer « d’apporter à la politique économique et sociale les changements nécessaires » et « d’ouvrir à des communistes l’accès à des postes ministériels ayant compétence en matière de développement économique et d’emploi ». Le refus de Laurent Fabius entraîne le départ des ministres communistes.
1985
6 au 10 février. 25e congrès du PCF. Georges Marchais attribue le recul du Parti au « retard stratégique » pris en 1956 et à « la politique du programme commun« . Il propose de « donner la primauté au mouvement populaire »; d’agir pour « construire un nouveau rassemblement populaire majoritaire », ce qui n’implique en rien « l’abandon de la lutte pour l’Etat: nous sommes et nous entendons rester un parti de gouvernement ». A l’issue du Congrès, il propose (fait sans précédent) que Pierre Juquin, Félix Damette et Marcel Rigout, qui se sont opposés à la politique adoptée, soient réélus au Comité central.
31 juillet. Première rencontre avec Mikhaïl Gorbatchev.
1986
16 mars. Elections législatives, au scrutin proportionnel. Le PCF obtient 11,3% (-4,7%). Georges Marchais est réélu, avec 28,9% (-13,3%) sur le territoire de sa circonscription. Le 25 mars, au Comité central, il parle d’un « glissement de l’électorat vers la droite qui traduit un mouvement profond de la société…, un affaiblissement des idées progressistes, des valeurs de la gauche ». « La crise de la vie politique et du système des valeurs s’est aggravée »; elle implique de « faire de la politique autrement ».
29 septembre. A propos des premiers changements effectifs en Union soviétique: « Nous ne pouvons que nous féliciter de ce mouvement, nous, communistes français, qui avions exprimé depuis plusieurs congrès nos inquiétudes et nos divergences. »
1987
18 mai. Au Comité central. « En ce qui concerne la perestroïka: « Ces choix nouveaux convergent avec notre propre conception du socialisme et font écho aux critiques que nous avions formulées. »
7 octobre. Il intervient à l’Assemblée nationale en faveur des « dix » de Renault. Les députés communistes brandissent des photos des militants réprimés.
2 au 4 novembre. Visite à Moscou, pour le 70e anniversaire de la Révolution d’Octobre. « C’est au nom de notre conception du socialisme que nous soutenons totalement le processus en cours en Union soviétique. »
2 au 6 décembre. 26e Congrès du PCF. « Union pour se défendre! Union pour que ça change! » lance Georges Marchais. « Il faut une autre politique: sans changement pas d’issue. Un autre pouvoir: un gouvernement, une majorité de changement. Une autre société: il n’est de solutions réelles qu’anticapitalistes. »
1988
Le premier semestre est dominé par l’élection présidentielle. Georges Marchais tient plusieurs meetings de soutien à la candidature d’André Lajoinie.
5 juin. Elections législatives. Le PCF obtient 11,3% (+1,5%). Georges Marchais est réélu dans la 11ème circonscription du Val-de-Marne avec 38,9% (+10%) au premier tour et 65,7% au second.
17 et 18 novembre. Visite en RFA
9 Décembre. Rassemblement, au Champ-de-Mars à Paris, pour la libération de Nelson Mandela.
1989
16 janvier. L’Heure de vérité sur Antenne2. Question: « L’autre jour, le chef de l’Etat a dit qu’il ne se rendrait pas dans un pays comme la Roumanie à cause de Ceausescu. » Georges Marchais: « Il a raison. Je le soutiens. Je condamne fermement ce qui se passe en Roumanie. C’est une atteinte intolérable aux droits de l’homme. ça n’a rien à voir avec le socialisme. »
31 janvier. Il dépose à Oslo, la candidature de Mandela au prix Nobel pour la paix.
27 avril. Après avoir avancé la candidature de Philippe Herzog comme tête de liste du PCF aux élections européennes, il propose au Comité central de grandes lignes de campagne: « Les communistes ne sont pas contre l’Europe… Notre époque appelle un développement considérable des coopérations… La question qui permet de faire la différence entre les autres forces politiques et le Parti communiste n’est donc pas: « Pour ou contre la construction européenne ? », mais « Quelle construction ? ». »
4 juin. Répression place Tiananmen (Chine). Réaction de Georges Marchais: « consternation et indignation ». « Ce n’est pas par la violence armée qu’on supprime les problèmes: on peut les empêcher de s’exprimer mais, du même coup, on les aggrave. Notre solidarité va au peuple chinois…, à tous ceux (communistes ou non) qui ont conscience qu’en Chine comme ailleurs, le socialisme ne peut que s’identifier à la libération humaine. »
14 Juillet. Editorial dans l’Humanité le jour du bicentenaire de « 1789 ». « Dans la première partie de notre histoire (de la nôtre et de celle des autres partis communistes), notre lucidité sur l’incapacité du capitalisme à réaliser l’égalité et la fraternité nous a conduits à ne pas donner à la liberté la place primordiale qui doit être la sienne dans tout projet et toute construction de société socialiste (…). »
9 septembre. A la fête de l’Humanité, il déclare: « Dans tous les domaines, l’URSS connaît un véritable bouillonnement… Et nous communistes français, qui avons tant espéré ce changement, ce n’est pas « hélas! » que nous avons envie de dire à son propos, c’est « enfin! »
22 septembre. Délégation à Moscou et cinquième rencontre depuis 1985 entre Georges Marchais et Mikhaïl Gorbatchev. Une journée entière d’entretiens. « Nous avons pu constater une convergence de fait de nos approches vis-à-vis des problèmes principaux de l’avenir du socialisme, de l’Union soviétique, de la situation de la France, de l’Europe, du monde, du mouvement communiste. C’est la chose la plus importante qui ait présidé à notre entretien », conclut Mikhaïl Gorbatchev. Georges Marchais répond: « Nous nous félicitons de ces convergences sur tous les problèmes, qui ne sont pas formelles. »
9 novembre. Chute du Mur de Berlin. Georges Marchais exprime immédiatement sa « joie« : « Quel encouragement pour ceux qui, comme nous, agissent pour que socialisme et liberté marchent du même pas! » Au club de la presse d’Europe 1: « Le socialisme connaît une période de crise, mais c’est une crise de développement. »
Fin décembre. Soulèvements en Roumanie. Le PCF soutient ceux qui se dressent contre Ceausescu. Georges Marchais, qui n’est pas allé en Roumanie depuis 1984 est attaqué. Un journaliste: « Vous êtes blessé de tout ce qui se dit ? » Réponse: « Oui. Blessé, mais blindé. Je suis un être humain, comme les autres… J’ai beaucoup pris de coups, mais ça ne me détournera pas du chemin que j’ai choisi. »
1990
Avril. Parution de Démocratie. Seize ans après le Défi démocratique, l’autre ouvrage essentiel de Georges Marchais. Il s’y explique « à chaud » sur les bouleversements à l’oeuvre à l’époque et sur la façon dont le Parti communiste tente d’y répondre. « On peut, certes, ne pas être d’accord avec le Parti communiste mais, pour en juger correctement, il faut mesurer la mutation qu’il a opérée et qui lui a permis de devenir un parti communiste moderne. Cet effort n’est pas achevé ? Assurément! Et les communistes, qui en sont les auteurs et les acteurs, sont décidés à le poursuivre. »
7 Juin. Rencontre avec Nelson Mandela à Paris.
18 au 22 décembre. 27e Congrès du PCF. La question a été posée en grand dans la préparation du Congrès : le PCF, comme tant d’autres partis communistes, doit-il changer de nom ? « Ni en France, ni ailleurs, affirme Georges Marchais, l’étape ouverte par la création des partis communistes n’est achevée. Nous la poursuivons en amplifiant notre effort de renouvellement… qui permet aujourd’hui à notre parti de n’être ni stalinien ni social-démocrate, mais communiste, donc démocrate, moderne, novateur, révolutionnaire. » Pays de l’Est: « Nous étions conscients que les problèmes posés étaient graves… mais il y a eu chez nous un défaut d’analyse et d’appréciation. »
1991
11 janvier. A quatre jours de l’ultimatum adressé à l’Irak et de l’engagement de la guerre du Golfe: « Cette guerre serait une folie pure et simple« , indique Georges Marchais, qui propose d’accroître la mobilisation pour la paix.
19 août. Putsch de Moscou. Condamnation immédiate du PCF et de Georges Marchais: « Toute autre voie que celle de la modernisation, donc de la démocratisation, ne peut que condamner le socialisme à l’échec, comme l’expérience en a été faite avant 1985. »
25 décembre. L’URSS a fini d’exister. Georges Marchais écrit à Mikhaïl Gorbatchev: « Je persiste à être convaincu que les objectifs de renouveau du socialisme énoncés en 1985, que vous nous aviez réaffirmés il y a deux ans, pouvaient être atteints par les peuples soviétiques et qu’ils correspondaient profondément à leurs intérêts… Je veux vous assurer de notre résolution à toujours mieux faire vivre l’identité et les choix communistes dans les conditions contemporaines… Nous continuons et continuerons à unir le drapeau tricolore de la nation française et le drapeau rouge de la Commune de Paris que les révolutionnaires d’Octobre avaient fait leur ».
1992
8 au 23 août. Visite au Canada et aux Etats-Unis. Une première pour un secrétaire général du PCF. Il voulait s’y rendre depuis de très nombreuses années.
Rencontres avec des personnalités progressistes américaines, ainsi qu’avec le secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros-Ghali.
1993
21 mars. Elections législatives. Le PCF obtient 9,2% (-2,1%). Georges Marchais est réélu avec 27,7% (-11,2%) au premier tour et 55% au second.
29 septembre. Absent de la réunion du Comité central, Georges Marchais lui adresse une lettre, aussitôt rendue publique, à trois mois de la tenue du 28e Congrès du PCF: « Il ne serait pas convenable de différer l’annonce de la décision que j’ai prise quant à mon avenir personnel… Je ne souhaite pas, après le 28e Congrès, continuer à être le premier dirigeant de notre parti. Cela fait vingt ans que j’exerce cette responsabilité et j’ai l’âge que j’ai. Inutile donc, d’épiloguer sur les raisons qui me conduisent à cette décision : elles vont de soi… Je demeurerai, comme je l’ai toujours été, un militant… Je précise seulement que je n’accepterai ni poste honorifique ni responsabilité créée pour l’occasion. Laissons ces pratiques au passé. »
1994
25 au 29 janvier. 28e Congrès du PCF. Celui où Georges Marchais « passe le flambeau ». Il intervient dans la discussion: « Il s’agit non seulement de confirmer, mais de donner une dimension nouvelle à notre rénovation afin de lui faire acquérir toute sa cohérence, toute sa force attractive, toute son efficacité transformatrice… »
Robert Hue devient secrétaire national du PCF, Georges Marchais accepte de demeurer membre du Bureau national.
26 novembre au 3 décembre. Visite au Mexique. Rencontre avec Cuauhtemoc Cardenas et, au Chiapas, avec des dirigeants proches des zapatistes.
10 décembre. Georges Marchais remet le prix des Droits de l’homme à Geneviève de Gaulle et Julien Lauprêtre, au nom des associations de lutte contre l’exclusion.
1995
12 juillet. Dans l’Humanité, Georges Marchais appelle à intervenir pour sauver le journaliste noir américain Mumia Abu-Jamal, condamné à mort en 1981 à l’issue d’une parodie de procès.
20 juillet. Georges Marchais, au nom du Comité de défense des libertés et des droits de l’homme, adresse une lettre à Mumia Abu-Jamal : « …je me suis adressé au Président Clinton et au Président de la Cour suprême des Etats Unis pour leur demander votre grâce et que vous soyiez à nouveau jugé, comme vous le réclamez… »
3 août. Il écrit en ce sens au Président de la République française et lance un appel « Vie sauve pour Mumia Abu-Jamal », qui se couvre de dizaines de milliers de signatures.
mars 1995. Fidel Castro en visite officielle en France, à l’invitation de François Mitterrand, vient « voir son vieil ami chez lui, dans son petit pavillon de Champigny ».
1996
18 au 22 décembre. 29e Congrès du PCF. Hospitalisé, Georges Marchais ne peut y assister. Il y est réélu au Comité national.
1997
28 octobre. Georges Marchais intervient au Comité national à propos de rumeurs annonçant un possible changement de nom du PCF, en souhaitant que le Comité national prenne nettement position. Robert Hue lui répond immédiatement en qualifiant d' »extravagantes » ces « spéculations ».
4 novembre. Les rumeurs persistant, Georges Marchais réintervient, cette fois dans l’Humanité: « J’ai voulu une réponse claire, qui a été apportée, et je constate que le débat n’est pas clos… Ce n’est pas chez moi qu’on trouvera de la frilosité par rapport aux évolutions qui sont indispensables. Ni renoncement, ni immobilisme: je suis d’accord ». Il annonce qu’il va écrire un livre, « tourné vers l’avenir » qui ne sera « pas du tout le livre d’un gardien du temple des dogmes anciens. » Ce « tourné vers l’avenir » est, symboliquement, son ultime message.
7 novembre. Il est hospitalisé à l’hôpital Lariboisière.
16 novembre. Georges Marchais décède, « un Sunday ». L’évènement est largement couvert par la presse.
20 novembre. Georges Marchais, accompagné par une foule immense, est enterré dans la ville où il vivait depuis 30 ans, à Champigny-sur-Marne.